Tristan Corbière est néà Coat-Congar, en Bretagne, en 1845. Ses poèmes sont disloqués, un peu comme le fut son corps maigre, brisé par la maladie : les vers brefs, l'expression cassée, les rejets chaotiques ont en effet quelque chose d'analogue à la physionomie maladive de ce poète que les habitants de Roscoff appelaient l'An Ankou, c'est-à-dire le spectre de la mort.
La poésie de Corbière rejette tout lyrisme, toute sentimentalité romantique. C'est au contraire l'ironie qui caractérise l'uvre du poète breton, l'ironie envers l'échec qu'est sa vie, ironie aussi envers l'amour qu'il éprouve pour Armida-Josefina Cuchiani, l'actrice italienne qui lui inspire les Amours jaunes.
Corbière est aussi le poète de la mer. Son père, déjà, était un célèbre romancier breton, passionné de récits de naufrages et de flibustiers. Tristan, lui, évoque les paysages mauvais de Bretagne, les histoires pathétiques de matelots perdus en mer ou raconte l'histoire des trépassés qui continuent de hanter certains lieux secrets de Bretagne.